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lundi, 03 novembre 2008

Origami(e) d'une feuille d'automne.

 


oiseau lunaire2.jpg

Ca faisait quelques semaines maintenant qu'elle se balançait.

Le vent jouait avec ses nervures.

C'était une petite feuille ordinaire.

Avec de jolies couleurs cependant, le peintre de l'automne s'en étant mêlé...

 

On lui avait parlé déjà de ce qui arriverait un jour.

Elle savait que le jour approchait.

Elle faisait semblant de ne pas avoir peur.

Elle jouait à la feuille d'érable.

Alors qu'elle n'était qu'une petite feuille de bouleau.

 

Un dimanche soir, elle se décrocha dans un dernier souffle.

Elle ne toucha pas terre immédiatement.

Elle masqua sa terreur et fit semblant de comprendre  ce qui se passait.

Maitresse. De son destin. Comédie du vent en un acte.

 

Elle finit par se poser dans un square.

Au milieu de la nuit noire.

Elle n'avait pas froid.

Elle n'avait plus peur.

Elle était bien.

 

Elle attendit. L'attente n'était pas pénible.

Le matin arriva , les klaxons aussi.

A l'aube, une frêle main s'empara d'elle.

Et la plia. Doucement.

 

Les doigts connaissaient sa fragilité.

Ils plièrent encore.

La feuille ne se déchirait pas, même si c'était un peu douloureux.

Comme une naissance.

 

La main experte s'appliquait à son art.

Et la petite feuille se laissait faire.

Quand ce fut terminé, la main posa alors son travail,

Juste au milieu du square.

 

Les cris d'enfants et leurs pas jouèrent toute la journée

Sans jamais voir , ni écraser, ni même frôler la feuille pliée.

Elle même sentait qu'il ne pouvait rien lui arriver.

La nuit tomba. La lune était pleine.

 

La feuille aperçut alors son reflet dans la vitrine d'un immeuble.

Elle ne se reconnut pas. Elle ressemblait à un petit oiseau.

L'art de la main l'avait transfigurée.

Elle essaya de s'envoler.

 

Ca ne marchait pas. Elle commença à sangloter.

Alors la lune se pencha:

Tu veux l'éternité?

La feuille-oiseau acquiésca.

 

La lune était pleine. Et généreuse.

Elle aveugla de tous ses rayons le végétanimal.

Et le sculpta en un oiseau-lunaire.

On raconte que c'est celui du square Blomet, à Paris.

 

Un quartier où des mains d'artiste

caressent et plient ,

en secret.

 

 

 

 

 

mardi, 28 octobre 2008

Thon d'automne 2

Ben ouais.

Vu que les stats sont meilleures à la suite de cette dernière parution je vais donc copier coller ce dernier récit de ma très pidante vie, afin de passer de joyeuses fêtes d'halloween. Gné?

 

Meuh non, ooooh.

Je suis maintenant chataîgne cuivrée. Ne l'oublions pas. Donc beaucoup, beaucoup moins conne qu'avant.

Et dans le thème pour halloween.

Finalement je vais garder cette couleur.

Parce que fait chier de toutes façons d'en faire une autre.

Pis la pollution , la couche d'ozone, tout ça quoi.

 

Non j'ai décidé de vous parler de tout autre chose...

C'est arrivé au mois de Mai de la 2004ème année après JC.

 

Ca fait longtemps que je l'ai dans un coin de ma tête.

Et comme chui en période de rangement.

 

 

 

...

 

Je suis arrivée cette nuit.

C'est la dame chez qui j'habite qui a insisté pour m'amener.

J'avais très mal, je pouvais à peine marcher.

Je voulais qu'on me laisse en paix.

 

Elles m'ont posé des tas de questions, je ne les comprenais pas.

Une petite brune a tenté de m'expliquer en anglais.

J'avais trop mal je pouvais même plus l' écouter.

 

Elles sont allées chercher un brancard.

Elles m'ont roulée jusqu'à une salle toute carrelée.

M'ont mise sur une table.

Une grosse dame blonde m'a fait comprendre qu'il fallait que je me déshabille.

J'avais vraiment trop mal.

Elle s'est enervée après mon tissu.

Dans un ultime effort, pour ne pas qu'elle le déchire, j'ai dénoué, là où c'était nécessaire.

Me retrouvant nue devant elle.

 

Puis elle a introduit brutalement ses doigts dans mon intimité...

J'avais déjà si mal, pourquoi m'humilier?

 

Ensuite elle a parlé avec une autre.

Elle a pris mon bras , a serré avec un elastique, a piqué .

A râté.

Elle a réessayé ...2 fois, 3 fois.

 

Je ne comprenais rien.

J'avais tellement mal, pourquoi elle en rajoutait.

 

J'ai voulu me lever instinctivement.

 

Non...

seat down, seat down, a redit la petite brune.

Un sourire forcé pour me rassurer.

 

Mais moi mon corps meurtri me disait de me lever.

Je le savais.

Je ne me suis jamais allongée pour ça.

 

J'ai voulu bouger encore.

Là la brune a fait les gros yeux.

 

J'ai commencé à pleurer. à l'intérieur.

C'était insupportable.

La grosse blonde a déménagé son chariot à piqure de l'autre côté.

Elle s'est appliquée, et a réussi sur mon autre bras.

 

Me voilà attachée .

Pourquoi?

 

 

La brune a sorti des trucs en fer de chaque côté de la table.

Elle a pris mes pieds et les a placés dedans, m'écartelant.

A mis le néon.

C'était intolérable.

 

Alors j'ai rassemblé toute ma douleur.

Toute ma force.

Toute ma rage.

 

Et dans un dernier sursaut, je me suis extirpée des étriers.

 

J'ai arraché le tuyau d'eau sucrée de mon bras.

 

La brune et la blonde sont restées bouches bées.

 

Je suis descendue de la table.

J'ai attrapé mon boubou et je me suis trainée dans un coin de la pièce.

Le plus loin possible de la lumière.

Je nous ai enveloppés.

Antre nous.

 

J'ai mis mon corps comme il fallait.

Accroupie.

J'ai commencé à danser  avec la douleur...

Je me suis accordée à elle.

Et on a eu de moins en moins mal tous les deux.

J'ai mis mes mains.

J'ai senti que tu étais là.

J'ai dansé de plus belle.

Et je me suis mise à chanter.

Comme pour tes soeurs.

 

J'avais les yeux fermés.

A chaque seconde je sentais que tu naissais.

C'était bon.

Puis je t'ai attrapé.

 

Je t'ai reconnu, je t'ai senti.

Je t'ai collé tout contre moi.

 

Je t'ai couvert du tissu sacré.

De chez nous.

 

J'ai rouvert les yeux.

La brune n'avait pas bougé. Elle avait les yeux embués.

La blonde avait disparu.

 

J'ai souri à la brune.

Une larme a roulé sur sa joue.

 

Puis la blonde est réapparue  avec un homme noir.

Un homme de mon pays.

Blanchi par sa blouse.

Il a pris un air sévère.

Alors je lui ai souri à lui aussi.

 

Il a voulu t'examiner.

J'ai soulevé le drap.

Tu tétais déjà.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

vendredi, 10 octobre 2008

My name is Clara, and I live behind this door...

dad.jpg

 

Ce soir il est rentré, et il nous a embrassés.

Le théatre de civilité.

Puis on est passé à table dans notre cuisine en couloir.

J'ai enlevé les carottes de mon pot-au-feu...

 

Il a claqué sa langue, enervé

J'ai fait semblant de ne pas entendre . Quand il est passé à autre chose, je l'ai regardé.

 

Ses cheveux blonds. Ses yeux bleus qui ne me voient pas. Ses mains jamais données.

Sa bouche qui ne me parle que pour s'agacer.

 

Je l'ai regardé.

En secret.

Il est beau...mais si triste...

 

J'aimerais tant l'aider.

Comment m'y prendre...

 

Et puis je ne sais plus très bien pourquoi, le ton a monté...

Un volume réglé proportionnellement  à celui de la vilaine bouteille ingurgitée.

 

Sa bouche s'est déformée...en vomissant toutes les insanités que son cerveau était capable de mobiliser.

 

J'ai sorti mon bouclier magique... et tous ses mots se sont explosés ... ont volé en éclats partout dans la pièce...

Quelques déchets orduriers  se sont faufilés...qui se sont plantés tout droit  dans ma peau.

Des échardes....à retardement.

Des mines anti-personnelles...

Ca ne fait pas mal...sauf si on bouge...

Ne plus bouger.

 

Je ne voyais plus que sa bouche...Le son était coupé.

Il s'est mis à gesticuler.

 

Ses mains ont attrapé sa chemise, il a tout déchiré.

Et puis c'est sa tête qui a pris le relais, voulant défoncer le linving en formica noir comme un bélier...

 

Il a heurté ,heurté , heurté.

Et son âme a cédé.

Il s'est mis à pleurer...

 

Comme un enfant.

Celui qu'on a empéché d'exister...

Il est resté assis,par terre, visage caché.

Secoué par les spasmes de sanglots.

Comme un enfant...

de 5 ans...

 

Et moi, j'étais bouche bée.

Moi

L' enfant.

Sa fille de 5 ans.

Je l'ai regardé.

Sans pouvoir rien faire.

 

Rien d'autre que  de me demander

et si j'avais mangé mes carottes,

est-ce que tout ça serait arrivé?...