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jeudi, 31 mai 2012

Papa cannard...

La salle était de taille moyenne.

La tristesse se suspendait aux murs. Une galère qui naviguait vers nulle part et un âne qui n'avait rien d'autre à brouter que de l'herbe jaunie par le temps.

Ils attendaient tous.

L'invité d'honneur et sa tribu. On avait mis des jolies nappes , on s'était risqué à la décoration. Les petits plats dans les grands, et les pieds dans les talons aiguilles.

Le cortège arriva enfin.

Le pater Familias en tête. Il avait muté en papa canard. Sa descendance lui emboîtant le pas en file indienne.

Nous  nous étions rangés dans l'ordre sans y avoir réfléchi.

En premier, ma soeur , l'aînée, mariée, 2 filles polies, monospacée.

En second,moi, séparée, 2 fils bruts, épavée.

En troisième le premier fils, concubiné, un cosy.

Enfin en quatrième, le petit dernier, l'embarras du choix lié à son âge, co-voituré.

 

Je jetai un oeil à l'assemblée.Cherchant à comprendre rapidement qui était qui. Tous des amis ou de la famille de Christine.Mon père n'avait donc pas d'amis.

Je veux dire d'amis d'avant.Il avait du tout jeté à la poubelle, c'était trop compliqué de trier.Ses nouveaux amis étaient donc ceux de sa nouvelle femme.

Remarque , il s'était souvenu qu'il avait 4 enfants. Et accessoirement 5 petits enfants. C'était déjà énorme.

Je l'imaginai en train de chercher nos photos dans la poubelle.

Ah oui alors attends, celle-là c'est qui déjà, ah oui la deuxième...

 

Il avait du gravement prendre sur lui pour nous appeler et nous inviter...

Peut-être même Christine avait-elle du lui forcer la main... "ben si quand même...y faut inviter tes enfants, enfin...voyons"...

L'avait l'air gentil cette Christine.

 

Mon père s'était toujours entouré de gentilles femmes qui pratiquaient le "ben si quand même...enfin...". Des femmes de grande vertu et avec un grand sens moral...Je me demandai s'il l'insultait des fois.

Je me demandai si elle acceptait de se faire prendre quand il était ivre.

 

Tout le monde alla déposer son cadeau sur une table au milieu des gâteaux apéritifs et des boissons.

 

J'avais sondé mes envies. L'insoluble "qu'est-ce qui lui ferait plaisir"avait laissé la place à "qu'avais-je envie de lui offrir?" ...

J'avais alors prix ce petit rectangle de papier. blanc. Code barré.Format ticket de caisse.

J'y avais inscrit 1400 euros.

 

Voilà .

 

J'avais tout glissé dans une jolie enveloppe. Propre, civilisée, genre "joyeux anniversaire, et bonne retraite"...

 

Je déposai mon enveloppe au milieu des autres.

 

La soirée se passa , dénuée d'émotions comme les plats dénués de saveur...Puis on sonna le glas, pour l'ouverture des présents.

 

Il avait quand même fait un effort... Je pensai un dixième de seconde à aller récupérer mon enveloppe , aussi blême que moi.

Je m'assis. Il commença par ouvrir les cadeaux des autres. Des chèques, des coffrets sensations.

 

Puis ses vieux doigts du putrinés attrapèrent le mien.

Il décacheta . Lut. Fronça. M'adressa un regard interrogatif.

 

Alors je me levai. Et ma bouche articula comme un automate: "C'est le prix de ma thérapie. 1400 euros. je t'en fais cadeau. Pour que ta retraite soit légère."

Tout le monde s'était tu.

 

Je me levai, empoignai ma progéniture, et sortis. En observant leurs sens interdits. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

jeudi, 21 janvier 2010

roue libre.

C'est comme ça.

 

Souvent. Je tourne autour du peau.

Je m'égare, me gare, repars.

 

j'ose pas trop. Ose-m-ose. Je me dis , c'est quand que ça va , à quoi bon, comme si ça m'attendait au tournant.

Le dérapage incontrôlé et pourtant annoncé.

 

d'une chute de mes reins sur les siens.

 

Un accident qu'on attend, impatient, même si c'est risqué.

 

Alors tant pis.

 

Je brûle. Je consumme.

 

Je verrais tout cela quand je n'aurais plus d'essence.

samedi, 19 décembre 2009

au bord de lui.

 

 

Au bord de lui.

C’est arrivé par hasard.

Comme d’habitude.

Sauf que les habitudes hasardeuses, déjà…

Un rendez-vous, chez le dentiste, chez l’assureur, ou avec un humain.

On s’est beaucoup heurté en marchant.

Je me suis demandée si c’était une façon comme une autre de se toucher.

Je ne savais pas trop quoi penser.

D’ailleurs est-ce que j’avais envie de ?

Juste être là, des tranches de vie étalées trempées en désordre dans la tasse brûlante.

Pas oser boire. Tout de suite.

Bien trop chaud.

Peur de se brûler.

Se pincer les lèvres en repensant à la dernière fois que… douloureux encore.

Se promener n’importe où juste pour souffler, sur le chaud.

Il faisait froid tout autour.

Juste pour se réchauffer alors…oui c’est ça marchons.

J’ai marché alors.

Au bord de lui.

Tout un après midi.

 

Le temps de remettre les dominos dans l’ordre et de les assembler…

Et d’envisager la perspective d’un chemin…

au pays de Peut-être …