mercredi, 03 décembre 2008
En bas de chez moi.
Le monde est parfois en bas de chez toi.
Tu le sais même pas.
Tu le cherches. Dans le reflet des vitrines des magasins de luxe.
Dans le dernier Nouvelles Frontières.
Je descendais , l'escalier comme tous les matins.
J'allais au taf. J'étais en train de chercher compulsivement mon papier
à cigarettes.
Comme je trouvais pas je me suis arrêté.
Genre je réfléchis. Ou est-ce que j'ai bien pu
le mettre.
La vitre en face de moi m'a réfléchi elle aussi.
concentré, froncé, tragique.
Je cherchais ce putain de papier.
Avec mes mains.
Ce sont finalement mes yeux qui trouvèrent.
Elle.
Le visage bazané.
Les joues rouges vif.
Elle était de l'autre côté de la rue.
A côté de l'étal de fruits de l'Arabe.
J'ai vu ses mains.
Danser autour des pommes.
Chappardeuse hardie.
Tout en faisant semblant de regarder les passants.
Si bien qu'elle me regarda pour de bon.
Je ne pouvais pas la quitter des yeux.
Toute pommée de partout, elle traversa la rue.
Se planta net devant moi.
Elle sortit une pomme d'un de ses foulards.
Et croqua dedans à pleines gencives.
Une lionne n'aurait pas mieux déchiqueté sa part de gazelle.
"tu veux?"me demanda -t-elle.
...
Je restai sur le cul.
"Tu veux?", insista -t-elle...
"Euh non...j'ai pas faim , merci..."balbutiai-je...
Elle éclata de rire.
Un rire chaud. Un rire de 5 ans d'âge.
Un pur bonheur.L'émotion brute.
Ses doigts attrapèrent les miens, et m'entrainèrent derrière elle.
Une déesse aux foulards pommés traînant un mortel éberlué.
On était pas loin des quais .
Elle m'entraîna et descendit le petit escalier.
Qui arrivait dans l'eau.
Elle entra sans réfléchir.
Je fus saisis par la fraîcheur de l'eau, qui nous arrivait aux cuisses.
Elle avança prudemment le long de la berge, sur le rebord invisible
pour qui n'est pas amphibie.
Arrivés sous le premier pont, elle nous stoppa net.
Elle se cala contre le bêton.
Elle me cala contre ses hanches.
Ses mains sur mes fesses.
Ses jambes autour de moi.
Elle me regardait droit dans les yeux.
Juste le temps de me faire grandir.
Avec d'imperceptibles pressions.
Je n'avais jamais croisé un regard pareil.
Quand elle me sentit au maximum, elle attrapa ma bouche
pour y fourrer sa langue.
Je respirais à peine.
C'était le genre d'étouffement dont on rêve toute sa vie.
Sa main déboutonna mon jean.
La mienne fureta sous ses foulards.
Elle ne portait rien d'autre.
Nous nous trouvâmes très vite.
Je dus me contrôler pour ne pas venir tout de suite.
Penser au froid de l'eau.
Elle me rendait dingue.
Ses yeux grand ouverts, ses foulards qui frottaient mon ventre,
le clapotis de l'eau sur les berges de nos corps, remuant en choeur.
Je devinai qu'elle allait jouir au moment où ses yeux se fermèrent.
Au bord depuis le début, je me laissai enfin aller.
Secoué par une impressionnante décharge, rarement égalée.
Ses yeux s'étaient rouverts.
Ils brillaient de mille feux.
Elle posa ses lèvres avec une douceur inattendue sur les miennes.
Puis se dégagea de mon étreinte.
Elle s'apprêtait à retourner vers le petit escalier.
Elle sortit une pomme , se tourna et me la lança.
"Cadeau", rigola-t-elle.
Je regardai les foulards flottants s'éloigner.
Je ne savais plus ce que je faisais.
Je ne savais plus qui j'étais.
Je ne savais plus où j'étais.
Un voyage initiatique.
Au pays des paumés.
Des sans papiers et du plaisir pur.
Le monde en bas de chez moi.
Je croquai la pomme.
La meilleure que j'ai jamais mangé de ma vie.
23:32 Publié dans lettres capitales | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : et maintenant, un peu de cul